Économie 19 octobre 2021

Monnaie-dette et monnaie-valeur

  Écrit par admin

La monnaie est définie par Aristote par trois fonctions : unité de compte, réserve de valeur et intermédiaire des échanges.

I – Qu’est-ce que la monnaie ?

Intermédiaire d’échange : Fonction d’échange via la monnaie, contrairement au troc.

Réserve de valeur : Fonction de réserve du pouvoir d’achat dans le temps.

Unité de compte : Fonction d’instrument de mesure de la valeur, pour le calcul économique ou la comptabilité.


Cette ancienne définition persiste et doit peut-être, être rectifiée à cause de la suppression de nos monnaies fiat (euros, dollars) avec toute référence à des matières précieuses. C’est-à-dire à cause de la caractéristique infinie de la quantité de nos monnaies fiat imprimable.

D’autres définitions peuvent être proposées, notamment celles de Pierre Noizat : << Une monnaie est une technologie permettant de dépenser demain une valeur dont nous disposons aujourd’hui >> ou alors << Une monnaie est un système permettant d’échanger des stocks et des flux d’énergie sous forme de jetons physiques ou mathématiques >>.

Par exemple, quand nous recevons un salaire, cela correspond à l’énergie consacrée à un travail. La monnaie nous permet de sauvegarder cette réserve d’énergie, que nous pourrons dépenser dans le futur pour obtenir une quantité de travail équivalente.

II – Les monnaies-valeurs


Dans le cadre d’une monnaie-valeur, comme le bitcoin et l’or, chaque transfert de valeur est associé à une quantité d’énergie vérifiable. Les mineurs ont dépensé de l’énergie pour extraire un gramme d’or, même principe pour le réseau bitcoin.

On peut dire que Bitcoin, comme l’or, transfère de manière vérifiable une énergie passée, celle qui a servi à produire la pièce, dans le présent d’une transaction.

De manière générale, la monnaie-valeur est inélastique, car le sous-jacent (or, Bitcoin, immobilier, etc. ) ne peut pas être ajusté rapidement et arbitrairement pour répondre à une variation de la demande. Contrairement aux monnaies-dettes.

III – Les monnaies-dettes


Dans le cadre des monnaies-dettes (euros, dollars) l’association entre la valeur monétaire et l’énergie échangée est assurée par le droit et non par les mathématiques (Bitcoin) ou la physique (Or).

Pour simplifier, quand une banque centrale (Définition : institution publique qui gère la monnaie d’un pays ou d’un groupe de pays et contrôle la masse monétaire, c’est-à-dire la quantité de monnaie en circulation) imprime un dollar, cela ne lui coûte aucune énergie (ou alors elle est négligeable), contrairement aux mineurs qui extraient l’or en utilisant de l’énergie et de la « sueur ».

En distribuant la création monétaire prioritairement aux banques et aux détenteurs d’actifs financiers plutôt qu’aux acteurs de l’économie réelle, les banques centrales introduisent une distorsion dans la formation des prix et dans l’accès aux opportunités économiques.

De plus, cette augmentation de la quantité de monnaie émise crée une dévaluation des monnaies-dettes comme l’euro ou le dollar déjà en circulation.

Pour faire simple voici un graphique qui représente le pouvoir d’achat d’un dollar de 1913 à 2008 :


Pouvoir d’achat d’un dollar de 1913 à 2008


Nous pouvons comprendre qu’en près de 100 ans, le pouvoir d’achat d’un dollar a diminué de 95 %. C’est-à-dire que le pouvoir d’achat d’un seul dollar en 1913 correspond au pouvoir d’achat d’un billet de 20 $ en 2008. Ce modèle fonctionne aussi avec l’euro.

Comparons maintenant avec le pouvoir d’achat de l’or à travers le temps depuis l’an 0 à 2020 : Une vache coûtait en l’an 0 environ 31 grammes d’or.

Aujourd’hui, 31 grammes d’or valent environ 1500 euros. Le prix moyen d’une vache est actuellement d’environ 1500 euros. Donc 31 grammes d’or ont toujours le même pouvoir d’achat après 2000 ans, soit environ une vache.

La différence du pouvoir d’achat entre une monnaie-dette et une monnaie-valeur au travers du temps est considérable. Afin de préserver son patrimoine dans le temps, il est nécessaire de posséder des monnaies-valeurs plutôt que des monnaies-dettes.

Il est préférable d’utiliser les monnaies-dettes pour ces dépenses de la vie courante, et d’utiliser les monnaies-valeurs pour préserver son patrimoine.


IV – L’hyperinflation des monnaies-dettes


Lors des crises exceptionnelles comme celle du Krach de 1987, mais aussi celle du Krach boursier de 2001-2002 (d’éclatement de la bulle internet) ainsi que celle de 2008 (la crise des subprimes) les banques centrales réalisent des stratégies d’impressions monétaires massives de monnaies-dettes. Il n’y a besoin d’aucune énergie ou travail pour imprimer ces nouveaux billets, la solution est donc très facile.

L’augmentation massive du nombre de nouveaux billets (euros, dollars, …) en grande partie dans les marchés actions, crée une inflation de la monnaie, et dans des cas extrêmes une hyperinflation comme celle de l’Allemagne en 1923 ou du Venezuela dés 2013 et de la livre Turque encore aujourd’hui.


hyperinflation


Cette hyperinflation crée une dévaluation rapide et brutale de la monnaie, ce phénomène détruit la confiance envers cette monnaie. Tous les patrimoines trop exposés à une monnaie qui subit une hyperinflation voient leurs pouvoirs d’achat littéralement s’effondrer en quelque mois/années.

Voici un graphique de l’impression monétaire de la FED (Réserve fédérale des États-Unis, l’équivalent de la banque centrale en Europe) depuis 1980 :



impression monétaire



Suite à la crise du Covid-19, plus de 20 % des dollars US en circulation ont été imprimés en 2020. Nous sommes dans la même situation en Europe avec l’Euro.

Les banques centrales des Etats-Unis et d’Europe réalisent les mêmes stratégies qu’ont réalisé les banques centrales d’Allemagne dans les années 1920, mais aussi celles du Venezuela et de la Turquie plus récemment.

Nos banques centrales n’ont plus d’autres choix que de continuer le cercle vicieux de l’impression monétaire des monnaies-dettes, mais ce n’est qu’une solution de court terme. Rappelons-nous que l’euro n’est qu’une expérience qui n’a que 20 ans d’existence.

Comme le disait Albert Einstein : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ».


Tristan

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