Fongible : adjectif : Se dit des choses qui se consomment par l’usage et peuvent être remplacées par une chose analogue (denrée, argent comptant).
Pourtant présent depuis des années, la vente en mars 2021 d’une vidéo de 10 secondes pour 6,6 millions de dollars a mis la lumière sur un marché qui peut rapporter très gros. L’opinion publique s’est alors emballée, les experts ont appelé au nouvel El Dorado numérique, bref, nous aborderons aujourd’hui le sujet des NFT.
I – Innovation technique et technologique
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un NFT (Token Non Fongible) ? Comment ça fonctionne et à quoi ça sert ?
Le concept apparait en 2015 avec le projet Etheria, un monde virtuel dans lequel il était possible d’acheter des parcelles de terrain. Les caractéristiques de ces parcelles étaient enregistrées sur la blockchain Ethereum et vous receviez un jeton correspondant à votre parcelle. Chaque jeton émis est unique et ne peut être répliqué.
La caractéristique essentielle des biens numériques est qu’il est possible de les dupliquer. Pour être considérés comme des NFT, ils doivent donc être « certifiés » et rendus non fongibles ou uniques. Cela se fait par le biais de la blockchain. Ces token ont trouvé leur utilité sur de nombreux marchés que nous allons étudier ci-dessous.
II – Le marché de l’art numérique
Le premier marché à se lancer dans l’aventure NFT sur Ethereum est le marché de l’art -numérique- en 2017, avec les désormais célèbres Cryptopunks.
Le CryptoPunk 7523 est désormais le deuxième NFT le plus cher de l’histoire, vendu pour la modique somme de 11,7 millions de $ en mars 2021 chez Sotheby’s.
Bien qu’emblématiques de ce nouveau mouvement, les Pixel art de Larva labs sont loin d’être les seuls aillant connu une popularité incroyable sur les réseaux sociaux et auprès de la communauté crypto.
Entre 2020 et 2021 les projets et ventes aux enchères se multiplies, repoussant toujours un peu plus les limites du raisonnable pour atteindre leur apogée le 3 mai 2021, pas moins de 100 millions de dollars sont dépensés en certificats ce seul jour afin de créer des token NFT associés à des œuvres d’art qui seront ensuite vendu à des prix avoisinant la centaine de milliers d’euros en moyenne.
Cet intérêt soudain et exponentiel en 2021 pour les œuvres d’art numérique est le fruit d’un grand nombre de facteurs, mais parmi eux il en est un dont la contribution a permis à ce marché d’être reconnu au sein des plus prestigieuses maisons de ventes aux côtés d’œuvre de maitres, un artiste, Beeple.
Mike Winkelmann, connu sous le nom de Beeple ou Beeple Crap est un artiste numérique britannique citoyen américain. En vendant une œuvre en NFT à 69 millions de dollars en cryptomonnaie le 11 mars chez Christie’s il réalise alors la plus grosse vente enregistrée pour un actif numérique.
III – L’industrie du sport se monétise toujours plus
Plus ou moins à la même période, un autre acteur se prépare à entrer sur le terrain, un acteur qui n’est jamais très loin lorsqu’il s’agit de monétiser du contenu media, l’industrie du sport professionnel évidemment !
Difficile d’oublier l’époques des albums Panini et les heures passées à collectionner les stickers et échanger ses joueurs avec ses amis. C’est ce qu’on entreprit de répliquer plusieurs projets de crypto-actifs en se basant sur les NFT.
Basée sur le système de blockchain, NBA Top Shot combine trading et collection. Le concept rallie la passion pour le sport au business. La ligue de Basketball sélectionne les « moments » ou les vidéos highlights des basketteurs. Dapper Labs, la société canadienne derrière CryptoKitties, les relie ensuite à une blockchain pour enfin les vendre en packs sur le site officiel de la NBA Top Shots. Leurs prix varient de 9 $ à 230 $.
Selon Tedman, un des fondateurs de Top Shot, les ventes ont atteint la somme de 230 millions de dollars. Une grosse partie de cet argent provient toutefois des échanges de collections entre les traders, après leur vente initiale. Récemment, la société a sorti 5 000 nouveaux packs et actuellement, ils sont épuisés.
Et pour ce qui est du football, le champion du monde en titre se devait d’avoir son représentant dans l’écosystème. La start-up française Sorare, fondée en 2018, annonce la plus grosse levée de fonds de l’histoire de la french tech avec plus de 500 millions de $ à la signature.
Elle permet d’acquérir et d’échanger, sous forme de NFT, des cartes à collectionner de joueurs de football. Il est ensuite possible de constituer son équipe et de gagner des points basés sur les performances réelles des joueurs.
IV – Une utilité qui s’est étendue au gaming
Ce qui nous permet d’introduire notre dernier point, sans doute le marché off-chain aillant la plus forte croissance de ses dernières années, le marché du jeu vidéo.
Les tokens du gaming sont les cryptos du moment et sur lesquels se concentre une forte activité de trading. La tendance est donc à la hausse. Mais comme souvent dans le secteur crypto, elle pourrait rapidement s’atténuer, voire s’inverser.
Néanmoins, comme le sport, le gaming s’affirme comme un domaine mâture et dégageant des revenus conséquents. Le monde du gaming et du sport ont en outre en commun un autre atout : les NFT. Or, au 1er semestre 2021, les ventes de NFT explosent à 2,5 milliards de dollars.
Dans des mondes virtuels, tels que Decentraland, les utilisateurs peuvent afficher leurs collections d’art NFT, ouvrir des entreprises, se promener avec des amis, visiter des monuments et assister à des événements. Le prix de l’immobilier basé sur la blockchain dans les mondes virtuels a ainsi bondi avec le boom du marché NFT cette année.
D’autres jeux comme Axie Infinity cherchent à gamifier des mécanismes financiers afin de permettre aux joueurs de générer des revenus tout en jouant selon un format « pay to play » et « play to earn ». Ils utilisent alors les NFT pour créer des personnages ou équipements uniques que les utilisateurs pourront acheter puis revendre ou utiliser pour gagner de l’argent dans le jeu, puis le reverser sur leur portefeuille.
V – Pour conclure
Ainsi, cette innovation native de la technologie blockchain a réussi à se frayer un chemin jusqu’aux plus grandes instances de l’écosystème, détrônant de nombreux marchés autant en volume de ventes, qu’en frais générés ou encore en capitalisation.
Certains protocoles décentralisés permettent également d’utiliser les NFT comme contrepartie pour souscrire à des prêts, d’autres encore les utilisent afin de tokeniser des rendements futurs et créer ainsi créer de nouveaux véhicules financier dans l’écosystème, respectivement AAVE et APWine.
Il s’agit maintenant d’un outil de certification et de création de valeur reconnu par de nombreux institutionnels ainsi que par les communautés orbitant autour des crypto-actifs.
Il existe encore beaucoup d’utilité potentielles à cette classe d’actifs et nous sommes curieux de voir ce que nous réserve l’avenir !